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EXPERIMENTION ET DEVELOPPEMENT DES TRANSITIONS

Présentation de deux initiatives visant à accélérer la transition écologique, en construisant un cadre de transmission et d'appropriation de pratiques pour favoriser l'essaimage de ce qui a été réalisé avec réussite

1/ Retours de comités locaux d'Attac participant à des projets menés dans le cadre des "Territoires d'expérimentation"

2/ Apports de l'étude Pact qui a exploré pendant 6 mois 3 territoires pionniers de la transition écologique : Ungersheim, Grande-Synthe et Mouans-Sartoux.

3/ Outils utilisables par les comités locaux

 

1/ Projets "Territoires d'expérimentations"

 

Le Collectif pour une Transition Citoyenne et le mouvement Colibris se sont associés pour lancer une démarche de d'observation et de soutien au développement de la transition écologique, sociale et démocratique à partir d’expériences locales positives ou à lancer. 12 organisations nationales, engagées localement, ont ainsi mis en commun leurs compétences pour renforcer des dynamiques locales en les accompagnant dans leur changement d’échelle vers une transition systémique et radicale. 
Au-delà de l’expérimentation concrète, la documentation de cette démarche et l’analyse des facteurs du changement favoriseront son essaimage et l’engagement de nouveaux territoires.

Un comité de pilotage a été mis en place en janvier 2021, avec notamment : Emmaüs, Terre de Liens, Utopia, le MES, Réseau national des ressourceries, réseau Sol (monnaie locale), ATD Quart Monde, Attac (via la commission Alternatives), Transition France...

Ainsi a été créé le projet "Territoires d’expérimentations" qui a démarré cet automne avec 3 territoires : Clermont-Ferrand, Uzège, Kembs. 3 nouveaux territoires sont concernés depuis janvier 2022 : Essonne, Saverne et Nantes.

Première grande étape du projet Territoires d’Expérimentations, les trois premières journées de travail ont eu lieu cet automne dans les territoires accompagnés en première session : Kembs, l’Uzège et Clermont-Ferrand. Premier succès, ces journées ont mobilisé sur chaque territoire entre 30 et 40 personnes, citoyens, et représentants d’acteurs variés : associations, élus, techniciens, acteurs économiques.

Suite aux différents ateliers qui ont rythmé ces 3 premières journées, plusieurs thématiques et besoins d’accompagnement ont émergé.

  • Une première nécessité commune et primordiale : celle de mieux s’organiser ensemble, que ce soit au niveau de la structuration d’un écosystème local (forme juridique, gouvernance partagée, stratégie, financement…) que des outils pour avancer ensemble (espace numérique partagé, communication et mobilisation …).

  • Dans un second temps, plusieurs sujets sur lesquels les collectifs veulent se former et travailler ont émergé : l’agriculture et l’alimentation, les mobilités, l’aménagement du territoire, le lien social ainsi que la préservation des ressources et de la qualité de vie. Outre des besoins de formation et d’accompagnement sur ces questions de fond, est apparue la nécessité de mieux se coordonner pour intégrer et peser sur les dispositifs de concertation et de participation menés dans le cadre des grands projets et schémas d’aménagement tels que les SCoT, les PAT, les PLUi…

  • Une dernière priorité importante et transversale ressortie est de pouvoir renforcer la légitimité et le poids des habitants dans leurs discussions avec les élus, notamment dans la coconstruction des politiques publiques de transition et dans le suivi des engagements de ces derniers (Pacte, PCAET …). 

Pour en savoir plus : http://territoires-dexperimentations.org/

Retour d'expérience à Uzège avec Attac Uzège

Uzège est une région touristique, rurbaine où le comité local peine à recruter de nouvelles forces militantes. Il existe beaucoup d'associations localement, en particulier au niveau des circuits courts, de la production bio, etc. La création d'une recyclerie/ressourcerie a capté beaucoup de l'énergie du comité local. Elle est devenue un point fort de ralliement.

Le territoire est riche de ce réseau associatif mais celui-ci était émietté d'où la mise en place du Réseau des Possibles il y a 4 ans: chaque association partage ses événements, ses actions, pour créer du lien entre associations et une organisation plus cohérente. De plus tous les jeudis, une projection est organisée sur un thème porté par une des associations. Ce réseau a permis à Uzège d'être retenue pour l'accompagnement dans le cadre des Territoires d'expérimentation.

La journée de co-construction a été organisée par les Colibris et a réuni une 15aine d'associations (environnement, production bio, circuits courts, protection d'espaces naturels, pacte pour la transition)

Sujets de la journée : transition écologique, solidaire et démocratique. Plusieurs sujets ou projets sont complexes. En effet ils peuvent être intéressants d'un point de vue énergétique mais détruire de la biodiversité, etc. Pour créer des alternatives efficaces, il est donc important de rester en lien avec l'ensemble des initiatives.

Le bilan de la journée a été résumé dans un compte-rendu de 20 pages qui fait ressortir la difficulté à toucher les élus locaux et les institutionnels qui s'occupent peu des associations (élus de droite depuis 7 mandats). Les associations ont en fait pris l'habitude de se débrouiller par elles-mêmes. Précédemment, les mouvements des Nuits debout et des Gilets jaunes ont connu une forte participation.

D'autre part, le collectif qui porte localement le Pacte pour la transition a rencontré 5 ou 6 maires, et 1 mairie a signé des engagements.

Lors de cette journée de co-construction il n'y a pas eu beaucoup de place pour une parole politique.

Retour d'expérience à Clermont-Fd avec Attac 63 :

Localement des collectifs sont organisés ponctuellement, mais le plus souvent ils ne sont pas pérennes. Le projet sur Clermont est donc de construire un collectif sur la durée et visant à accélérer la transition écologique. Comme dans beaucoup de territoires, les sujets agricoles et alimentaires mobilisent le plus.

Le 6 décembre a eu lieu la première journée de co-construction. La matinée visait à poser des bases communes de notre vision de la transition. Les méthodes d'animation prévues par les animateurs nationaux ont été remises en question l'après-midi au moment de l'atelier de prospective (qu'est-ce qu'on imagine dans 30 ans ?) : beaucoup de participants ont eu le sentiment de refaire ce qu'ils avaient déjà fait ailleurs et ont manifesté l'envie d'avancer plus concrètement. Le problème vient sans doute du fait que l'organisation de cette journée a été préparée en visio, entre des personnes qui ne se connaissaient pas avant. Ce qui a été proposé a été conçu de manière standardisée nationalement pour tous les territoires sans suffisamment s'adapter à ce qui était souhaité localement.

Cependant, avoir un soutien national a permis d'oser se lancer dans ce projet ambitieux. Il a aussi permis d'avoir d'emblée une certaine crédibilité auprès des collectivités locales qui ont répondu à la propositions des animateurs locaux de se rencontrer pour leur présenter le projet. Le choix a cependant été fait de ne pas les inviter dans un premier temps aux rencontres de manière à construire le projet d'abord entre organisations citoyennes.

Autres points positifs, il est ressorti de cette première journée un accord sur le besoin d'un collectif fort pour peser davantage sur les pouvoirs publics et obtenir une meilleure reconnaissance citoyenne, ainsi que sur la conception commune de la transition écologique. La dynamique créée a permis de constituer un groupe de travail d'une dizaine de personnes qui organise de nouvelles rencontres. Ainsi une 2e matinée a permis d'avancer sur les questions d'alimentation/agriculture et d'aménagement du territoire/transport/habitat. Une 3e matinée à venir en mars engagera la réflexion sur le fonctionnement interne et les rapports aux élus.

 

Retours sur deux autres comités locaux impliqués:

Attac Val d'Orge 91 est impliqué dans le territoire d'expérimentation de l'Essonne. « Territoire en lien Nord Est Essonne en transition » existe depuis la COP 21 et est un réseau déjà structuré entre les initiatives concrètes de transition. Il organise une Fête des possibles. Ce réseau a besoin d'aide pour la recherche de financement d'un salarié au delà du service civique de 6 mois obtenu et pour monter des projets dans le cadre du collectif énergie partagée ainsi que pour soutenir la résilience alimentaire.

  • Pour le projet sur Kemps, le comité local 68 de Mulhouse n'est pas impliqué directement mais par le biais de la Cigogne (monnaie locale à laquelle ils adhérent). Le projet vise à la mise en place d'un tiers-lieu pédagogique sur les questions d'alimentation, d'agroforesterie... (prêt d'un terrain et d'un hangar par la mairie).

  • De manière générale, il est important d'avoir un lieu qui permettre de rassembler les gens, de partir de leurs préoccupations, de partager leurs vécus, pour construire une pensée politique.

 

2/ Etude PACT2 = Parcours Apprenants et Communs des Transitions des Territoires »

 

D'après une analyse synthétique de l'étude publiée en 2021 sous forme d'un diaporama de 75 vues
Source : site internet : https://www.pact2.fr/a-propos-de-pact2
Auteurs : 3 personnes de Ouishare (association de recherche) + 2 de Colab.Studio (Cabinet d'ingénierie)

Cette étude a exploré pendant 6 mois 3 territoires pionniers de la transition écologique : Ungersheim, Grande-Synthe et Mouans-Sartoux.

  • Objectif : saisir la dimension humaine à l'origine des démarches initiées à Mouans-Sartous, Grande Synthe et Ungersheim et révéler les spécificités contextuelles: "Nous croyons aux vertus de l’ancrage et “aux solutions qui habitent leur territoire” tout en refusant les recettes toutes faites."
  • Définition de la transition (issue de Villes en Transition initié par Rob HOPKINS) : relocaliser les activités économiques tout en encourageant la recherche d’une plus grande autonomie et repenser l’organisation et la gouvernance des territoires, les formes de création du lien social entre les habitants et les savoirs pour (re)trouver les
    moyens d’être résilient
  • Initiatives des 3 territoires:
    Grande Synthe, ville du département du Nord, 22777 h. Projets depuis 1992: création d'un poumon vert, université populaire, souveraineté alimentaire et création du revenu de transition écologique
    Ungersheim, village du Haut-Rhin, 2379 h. Projets depuis 2009: autonomie intellectuelle, souveraineté alimentaire et autosuffisance énergétique
    Mouans-Sarthou, petite ville des Alpes Maritimes, 9701 h. Projets depuis 1988: préservation des espaces naturels sensibles, alimentation durable et transmission (festival du livre)
  • Principaux points communs et enseignements :
    * Nécessité de réagir face à la dégradation d'un élément essentiel de la vie locale
  • * Acteur déterminant = une équipe municipale avec la conviction d'un autre développement possible basé sur la coopération, l'insertion sociale, l'agriculture/maraîchage biologique et l'affirmation d'expérimentations face aux oppositions institutionnelles
  • * Recherche de transversalité = élargissement des champs d'investigation = appréhender la complexité des enjeux et  l'élargissement des catégories d'acteurs. Mais absence de ceux de la sphère socio-économique classique.
    * Appui financier du FEDER et de l'ADEME
    * Appui de « Grands témoins » porteurs d'une pensée – chercheurs, personnalités médiatiques, réalisateurs de cinéma = utiliser leur renommée et leur savoir
    * Rôle de l'éducation populaire face au besoin d'un cheminement personnel et collectif. La transition implique un changement des mentalités: aux logiques d’accumulation, de surproduction et de surconsommation, les démarches de transition privilégient la coopération locale, le partage des ressources et le renforcement des liens entre les habitant·es.
    * Appui sur la valorisation de l'héritage local commun et des cultures populaires pour ensuite se projeter
    * Levier des besoins des habitant.es
    * Co-construire une vision et une analyse commune des transitions = Besoin d'un processus d'implication des citoyen.nes = démocratie participative, espaces de médiation pour s'approprier
    ◦ Effort d’accompagnement et de pédagogie avec des Universités populaires ou des expériences de construction collective.

A lire: La transitionn écologique peut-elle devenir sociale?

 

3/ Quels outils pour les Comités Locaux d'Attac

Attac est une association d'éducation populaire et s'emploie à rendre accessible
un certain nombre de notions liées aux transitions et à l'écologie.

Outils d'Attac & de ses partenaires pour participer au développement des transitions:

* À partir du livre « Manuel d'Histoire du Futur », on peut organiser un Atelier “De 2020 à 2030” :
https://vie-interne.attac.org/campagnes/manuel-d-histoire-dufutur/articl...
– Soit quel bilan en 2020, quels constats, que manque-t-il, quelles sont les urgences ? Imaginer le futur souhaitable en 2030 et les mesures pour y arriver.
– Soit Atelier d’imagination politique =

* Partager un imaginaire en utilisant l'outil « Petite histoire – Grande histoire– Imaginer son territoire/sa ville en 2030" : détails sur le site d'Attac
1. L'essentiel est de se poser les bonnes questions :
▪ Qu'est-ce qu'il faut changer ? A décliner selon les secteurs (santé, alimentation, industrie, culture, démocratie...)
▪ Qu'est-ce que ça changerait ? Quelles en seraient les implications ? En quoi la vie des gens en serait-elle améliorée ?
▪ Qu'est-ce qu'il faut changer pour que ça change ? Quelles seraient les étapes intermédiaires, les préconditions d'un tel futur local ?

2. On peut aussi identifier les alternatives qui existent déjà, se demander comment les développer, ou les importer si elles ont été élaborées sur un autre territoire. Il est pertinent également de collaborer avec les collectifs qui ont fait des propositions dans le cadre des Plans climat air énergie territoriaux (PCAET) ou des Pactes pour la Transition lors des municipales.
Organiser un atelier climat avec d'autres organisations comme Extinction Rebellion et les associations locales de défense du Climat ( France Nature Environnement)

Voir la proposition de l'Espace « Écologie & société » : https://vie-interne.attac.org/espaces-de-travail/ecologie-etsociete/arti...
ou https://vie-interne.attac.org/IMG/pdf/fiche_technique_-_atelier_climat.pdf

Organiser ou participer à :
– une Fête des Possible : https://transition-citoyenne.org/fete-despossibles/
– un festival Alternatiba : https://alternatiba.eu/ ou en rejoignant une Alternatibase : https://alternatiba.eu/alternatibases/

3.S'inscrire dans une dynamique de collectif en s'inspirant ou en adhérant à :
– « Plus jamais cà ! » : https://vie-interne.attac.org/campagnes/plusjamais-ca/article/materiel-p...
– Pacte pour la Transition : https://www.pacte-transition.org/

4. Partir d'une campagne :
- Contre le traité sur la charte de l'énergie : https://vieinterne.attac.org/campagnes/pour-la-sortie-du-traite-sur-la-c...
- Pour la reconversion de l'aérien : https://vieinterne.attac.org/campagnes/aerien/
- Pour la défense du climat et des conditions de vie de tous : https://vieinterne.attac.org/campagnes/climat-fin-du-monde-fin-du-mois-m...

L'action la plus efficace doit s'ancrer localement, y compris dans les vécus des personnes. Les initiatives concrètes permettent de dépasser les affrontements pour porter des choses en commun. Les collectifs "Plus jamais ça sont précieux". Ils font un travail de long terme et peuvent contribuer à l'essaimage de ces transitions, en particulier à partir de luttes sociales locales. A Marseille, deux initiatives ont été construites par les salarié-es : Fralib est devenu Scop Ti, McDo a été transformé en L'après M par un groupe intersyndical. Attac est un soutien extérieur à ces initiatives.

 

Source:

Atelier proposé lors de la CNCL du 5 février 2022 par l’espace Alternatives et Attac 63 : Colette (Attac 63 + animation espace de travail Alternatives) / Isabelle (Attac Louviers + animation espace de travail Alternatives) / François (Attac Uzège)

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