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LES COOPERATIVES DE CONSOMMATEURS SEIKATSU
Par Spirale le mer, 18/06/2014 - 14:02

Intégrer l’économie sociale et écologique : les coopératives de consommateurs Seikatsu Club.
« Seikatsu » Club, club de la vie en japonais, est un mouvement coopératif ingénieux qui allie trois mouvements habituellement distincts. L’aspect international unique du Seikatsu Club permet de développer à la fois le commerce équitable, l’économie locale et le secteur régional des aliments issus de l’agriculture biologique.
En décembre 1989, le Seikatsu Club était le lauréat du « Honorary Right Livelihood Award », une variante du Prix Nobel, pour son succès à créer « une solution de rechange à l’activité économique contrecarrant la priorité à l’efficacité encouragée par la société industrielle ».
L’histoire du Seikatsu Club a commencé en 1965 avec un groupe de femmes qui se réunissaient chez elles et discutaient de leurs inquiétudes concernant leur région : l’augmentation des aliments importés, la perte persistante de terres agricoles au profit du développement et la migration des agriculteurs vers les villes.
À force de parler des problèmes de qualité et de sécurité alimentaire de leur région, ces femmes ont finalement décidé d’acheter le lait, les fruits frais et les légumes auprès d’un agriculteur local, et ce, à un prix raisonnable et équitable. L’agriculteur a accepté de fournir les produits agricoles à condition que plusieurs familles s’engagent à s’approvisionner chez lui. Un accord a été conclu entre les parties et le concept du « teikei » était né. La traduction littérale du « teikei » signifie partenariat; cependant, au niveau philosophique « teikei » se traduit par « mettre le visage du paysan sur les aliments ». Vingt ans plus tard, le concept du « teikei » a été adopté aux États-Unis où il a été la source d’inspiration de la première initiative « d’agriculture soutenue par la communauté » (ASC), Indian Line Farm.
Le système d’achat collectif est à l’origine même du mouvement. Un « han », petit groupe en japonais, planifie son alimentation et l’achat des denrées alimentaires collectivement. Il s’agit à la base de se procurer « une alimentation saine à un prix raisonnable ». Les « hans » intègrent leurs valeurs par des normes rigoureuses relativement au matériel, aux processus de production, aux matériaux d’emballage et aux pratiques environnementales. Bien que le système ait débuté avec les denrées alimentaires, il s’est étendu à toute une gamme de biens de consommation.
Grâce aux négociations avec les producteurs, le système d’achat collectif en précommande permet une production et un approvisionnement bien organisés, l’achat d’aliments biologiques locaux à des prix raisonnables, la diminution du gaspillage des ressources naturelles ainsi que la réduction de l’impact sur l’environnement.
Il y a plus de 120 000 groupes d’achats collectifs. Il regroupe la demande au sein des 30 coopératives Seikatsu, qui font partie, au niveau national, de l’Union des coopératives de consommateurs Seikatsu Club (SUC). Pour décrire les produits qu’elle achète, l’union a adopté le terme de « matériaux de consommation »; un terme révélateur des principes qui la guident. En effet, selon les membres, il s’agit d’utiliser leur pouvoir de consommation afin d’assurer l’acquisition de marchandises pour leur « valeur utilitaire » et non de « marchandises commerciales ». Le comité de la consommation de la SUC se réunit tous les mois pour déterminer les articles de l’achat collectif selon les demandes et les points de vue des membres.
À l’heure actuelle, les 30 coopératives autonomes de consommation Seikatsu comptent plus de 300 000 membres affiliés à la SUC. Le Seikatsu Club non seulement met en œuvre une stratégie de « valeurs ajoutées » visant à transformer les systèmes alimentaires locaux, mais il s’est également engagé dans les opérations de recyclage, le développement d’énergie verte et les services sociaux. Sa campagne de sensibilisation et de représentation a mené à d’importants changements de politiques. En 2007, le chiffre d’affaires annuel des regroupements d’achat, « hans », s’élevait à 687 millions de dollars américains et les fonds accumulés atteignaient 240 millions de dollars. Une telle stabilité financière est ancrée dans le principe selon lequel les membres participent à l’investissement par l’achat et entretiennent ainsi une relation de soutien mutuelle avec les producteurs agricoles dans le but de réaliser leur « autonomie démocratique » en tant que membres.
Acheter est considéré comme une responsabilité éthique, sociale et écologique. De nouveaux « matériaux de consommation » sont développés en étroite collaboration avec les membres. Les goûts, l’emballage et les prix sont déterminés par l’engagement des membres et sont combinés aux études de marché afin de concevoir des ébauches de spécifications. Celles-ci sont ensuite négociées avec les producteurs. Ce système très efficient est garanti par un nombre d’articles limité à 1 600 par an. En comparaison à d’autres coopératives alimentaires qui offrent 9000 articles et les supermarchés qui possèdent des stocks considérables. Les membres du Seikatsu Club déplorent la production de masse et les choix de marché futiles qui selon eux vont à l’encontre d’une consommation éthique. En élaborant de nouveaux « matériaux de consommation » ciblant les besoins de base, les membres s’efforcent de résoudre les problèmes de santé, de l’environnement et de la sécurité de façon stratégique.
Trois autres moyens permettent d’accroître l’efficience du système. Il y a tout d’abord la production bien planifiée d’une sélection suffisante d’aliments et d’autres biens de haute qualité qui permet une livraison efficace. On réduit ainsi les coûts unitaires reliés au transport.
Deuxièmement, les biens sont livrés directement aux groupes d’achat, « hans », ou aux individus grâce à un système de collecte géré par les membres. La livraison élimine les risques financiers tels que les charges indirectes élevées des commerces de détail et les larges stocks. Troisièmement, la SUC a créé huit bouteilles consignées utilisées pour un large éventail de « matériaux de consommation ». Ainsi, elle réduit le prix de l’emballage et augmente l’efficacité de la collecte, du triage et du recyclage. En 2007, ce système a permis de réduire les émissions de carbone de 2 121 tonnes.
Pour veiller aux respects des exigences, la SCU a établi ses propres systèmes indépendants de contrôle et de vérification, auxquels participent les membres et les producteurs des secteurs pertinents. En 2006, 4000 membres ont effectué 500 inspections indépendantes inopinées. Une méthode créative bien moins couteuse que la certification formelle. D’autres pratiques novatrices comprennent les suivantes :
1. Les membres du Seikatsu Club, ainsi que les fermiers, ont investi dans la création de trois usines de traitement du lait. Cent producteurs laitiers possédant 5 000 vaches coopèrent avec les consommateurs afin de produire du lait cru de haute qualité, une solution de rechange saine au lait stérilisé qui domine le marché japonais.
2. En ce qui concerne le développement des énergies durables, les membres du se sont mobilisés et ont exercé des pressions auprès des services publics municipaux pour attribuer 5 % de la facture d’électricité au Hokkaido Green Fund. Ce fonds a déjà permis la construction de cinq "turbines éoliennes appartenant aux citoyens" et prévoit élargir ce modèle.
3. Au problème du vieillissement de la population, le Seikatsu Club a mis sur pied et gère des centres de jour et des maisons de soins infirmiers pour personnes âgées qui emploient plus de 10 000 personnes dans 448 organismes coopératifs. De plus, les soins à domicile, un pan supplémentaire de la diversification, ont fourni plus de 1,4 million d’heures de services en 2005.
Le chiffre d’affaires résultant des initiatives de soins s’élève à 87,4 millions de dollars américains par an. Par ailleurs, le Seikatsu Club développe des services de soins de santé destinés aux personnes handicapées et aux enfants.
4. En 2006, les 600 coopératives de travail (représentant 17 000 travailleurs-propriétaires) ont généré un chiffre d’affaires annuel de 126 300 000 dollars.
5. L’engagement des membres est la clé du système Seuikatsu. Par le jeu de la promotion de leurs valeurs, les membres participent activement au discours politique du Japon. Le Seikatsu Club établit des normes strictes de consommation responsable et d’achat de produits respectueux de l’environnement. Il va également plus loin. Il a mené des campagnes pour interdire les détergents synthétiques et pour faire avancer le mouvement contre les aliments génétiquement modifiés. Cette stratégie a permis aux membres du Seikatsu Club de créer des partis politiques indépendants et locaux afin de faire avancer leur agenda politique. En 2006, 120 partis politiques représentant 10 000 membres ont réussi à faire élire 141 conseill
Notes:
35 Robyn Van En. “Eating for Your Community. Report from the founder of community supported agriculture” In
Context – A Quarterly of Human Sustainable Culture
, 1995, p. 29; http://www.context.org/ICLIB/IC42/VanEn.htm.
36 Le rapport complet de BALTA examine plus en détails cette étude de
37 Vue d’ensemble de l’Union des coopératives de consommateurs Seikatsu Club,
http://www.seikatsuclub.coop/english/
38 Seikatsu Club Consumers Co-operative: Creating an Alternative Society, Policy Research Institute for the Civil
Sector, juillet 2008. courriel : civil@prics.net
Source
Ce texte est extrait de "La grande transition : maintenir le cap sur le changement social, économique et écologique en périodes de turbulence", de Michael Lewis et Patrick Conaty: en fichier joint. Ce document, produit par un chercheur canadien et un associé de la
célèbre New Economic Fondation de Londres, part du constat d'une nécessité de relocalisation territoriale (sup)portée par le tissu social et propose des études de cas de pratiques transitionnelles déjà
existantes, qui pourraient très facilement s'exporter ailleurs: une
banque mutualiste qui fait des prêts sans intérêts, des pratiques de
fiducie foncière collective pour l'habitat groupé responsable ou le
développement d'agriculture bio, des coopératives de consommateurs qui étendent leur activité dans les soins et services à la personnes et la
relocalisation des partis politiques, des initiatives pour éradiquer la
précarité énergétique...
célèbre New Economic Fondation de Londres, part du constat d'une nécessité de relocalisation territoriale (sup)portée par le tissu social et propose des études de cas de pratiques transitionnelles déjà
existantes, qui pourraient très facilement s'exporter ailleurs: une
banque mutualiste qui fait des prêts sans intérêts, des pratiques de
fiducie foncière collective pour l'habitat groupé responsable ou le
développement d'agriculture bio, des coopératives de consommateurs qui étendent leur activité dans les soins et services à la personnes et la
relocalisation des partis politiques, des initiatives pour éradiquer la
précarité énergétique...
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