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DEMOCRATISER LA GESTION DE L'ARGENT

Comment démocratiser la gestion de l'argent?: monnaies complémentaires et banques mutualistes

 

Une monnaie est un bien qui a une valeur reconnue par tous et qui peut être stockée tout en conservant cette valeur pour les échanges, sous forme de pièces, billets, monnaie scripturale, puis électronique.

 

Elle implique une confiance accordée et une autorité reconnue disposant du pouvoir de créer cette monnaie.

 

Les monnaies dites sociale, locales, complémentaires ou alternatives sont utilisées par un petit groupe et à l'intérieur de ce groupe. Il existe environ 4000 systèmes différents dans une cinquantaine de pays, utilisées par un million de personnes.

 

Peu d'études d'impact ont été effectuées. Les répercutions sont multidimentionnelles : économique, environnemental..., l'impact social étant le plus sûr. Les monnaies locales redonnent du pouvoir aux citoyens et dynamisent la démocratie participative. Ce sont des vecteurs de rupture par rapport au système de consommation et de production et au système capitaliste.

 

Une posture de stricte opposition par rapport à la monnaie dominante entraîne un échec certain car les utilisateurs ont alors tendance à mettre en doute sa crédibilité.

 

L'Abeille, à Villeneuve-sur-Lot

 

Cette monnaie complémentaire a été initiée par l'association Agir pour le vivant en tant que projet écologique qui concourt au bien du vivant. Un essai d'introduction du SOL a échoué car il utilisait des cartes à puce, ce qui n'est pas pratique au quotidien et manque d'implication personnelle. La mise en place de l'Abeille a demandé un gros travail mais qui a été réalisé assez rapidement, dès l'année suivante en 2010, grâce à l'expérience précédente avec le SOL et du fait que les porteurs du projet soient bien connus dans les réseaux locaux, la confiance dans les personnes initiatrices du projet étant essentielle.

 

Les objectifs étaient que cette monnaie soit seulement une monnaie d'échange et non un vecteur de thésaurisation et de dynamiser un commerce local mais aussi de qualité : biologique et éthique.

 

Elle s'est constituée sur le modèle du Chimgauer en Allemagne. L'assemblée constituante a décidé si elle serait fondante ou non, tous les ans ou tous les 6 mois etc. L'idée d'une monnaie perdant de sa valeur a été difficile à accepter au départ mais a été choisie, avec une réactualisation des billets tous les 6 mois en collant une étiquette à acheter 2% de la valeur du billet.

 

Il a fallu être créatif du fait du peu de moyens. Des professionnels locaux (peintre, photographe, infographiste) ont donné ou cédé à moindre coût leur production.

 

80 entreprises variées, bientôt 100, participent au projet : alimentation, coiffeur, pressing, thérapeutes... Elles sont situées dans un rayon de 15km autour de Villeneuve. Le souhait est de limiter le périmètre à une trentaine de kilomètres car la ville est un bassin de vie. Ils considèrent qu'il vaut mieux ensuite essaimer plutôt que de trop s'élargir afin de conserver un lien réel entre les personnes et ainsi changer les relations entre elles, créer un sentiment d'appartenance à un réseau. Faire le lien avec d'autres monnaies complémentaires ne se justifie pas pour le moment selon eux.

 

L'essai de monnaie complémentaire à Anduze a échoué au bout de 2 ans, peut-être parce qu'Anduze ne compte que 5000 habitants : pour les initiateurs de l'Abeille, il faut un bassin de vie de 20 000 habitants pour que cela marche. Cependant il a permis une vraie éducation à ce qu'est la finance.

 

Les entreprises demandent d'elles-mêmes à entrer dans l'Abeille. Pour cela elles doivent rentrer dans les critères de la charte. 2 ou 3 entretiens sont organisés. Leur cotisation est de 50, 100, 200 euros.

 

Les consommateurs doivent aussi adhérer (20 euros) : c'est une obligation du code bancaire. Ils sont environ 200 adhérents. Ils transforment leurs euros en Abeille, à raison d'1 euro par Abeille.

 

Les consommateurs comme les professionnels recherchent les entreprises présentes dans le réseau. Par exemple la boulangerie s'approvisionne auprès d'un meunier local, un restaurateur utilise de plus en plus d'aliments de qualité. Les entreprises qui ont trop d'Abeille peuvent les reconvertir en euros. La difficulté est de parvenir à ce que les citoyens utilisent la monnaie complémentaire, ce qui n'est pas évident, même dans les réseaux militants. Pourtant la monnaie locale est une sorte de bulletin de vote. Il ne s'agit pas de remplacer l'euro mais de donner un sens à la monnaie.

 

Le SOL Violette 

 

La monnaie complémentaire est un outil de transition.

 

Le souhait est d'intégrer le plus d'acteurs possibles, y compris ceux des banques, les élus, les citoyens...

 

La monnaie est utilisée quotidiennement mais la plupart des personnes ne s'interrogent pas sur ce qui se passe ensuite. Or seulement 3% sert à l'économie réelle dont la moitié au niveau des institutions (impôts, services publics...).

 

Les acteurs ont un vrai pouvoir s'ils prennent conscience que la monnaie est un bulletin de vote utilisé au quotidien. C'est d'autant plus vrai actuellement avec la raréfaction de la monnaie liée à l'austérité. Il est important de démocratiser la gestion de l'argent mais aussi de démocratiser la monnaie elle-même par une utilisation dans les commerces que l'on veut soutenir.

 

Les monnaies complémentaires en Argentine ont échoué car certains ont commencé à spéculer, à faire de faux-billets. Aussi il est nécessaire de booster les échanges en rendant la monnaie fondante tous les 3 mois si elle n'a pas été échangée (date derrière). Pour éviter la contrefaçon, une entreprise locale a trouvé un code à bulles d'air aléatoire et non reproductible, lisible par ses fabricants. C'est important pour que la monnaie soit crédible.

 

Un comité local d'agrément réunit tous les participants, qui sont très différents (citoyens, banques, politiques...). Ils ont choisi de prendre les décisions au consensus car elles concernent le bien commun. Mais si cela s'avère trop lourd, les décision peuvent être prises au consentement, voire avec un vote de 75% si cela ne suffit pas. Ce processus permet d'apprendre beaucoup sur la démocratie, l'écoute, le débat.

 

Ils ont fait le choix de soutenir une économie solidaire et écologique. L'argent est placé au Crédit coopératif et au Crédit municipal qui l'utilise pour faire du micro-crédit auprès de personnes exclues et pour des projets d'actions solidaires votés collectivement. Ils ont facilement accès au suivi de l'utilisation des fonds.

 

Ils ont le souhait de faire de l'éducation populaire, y compris auprès des personnes exclues : c'est l'aspect le plus important pour eux. La monnaie complémentaire est un outil non violent.

 

Les banques mutualistes

 

La propriété privée des moyens de production est au cœur du système capitaliste : la propriété collective en coopérative en est l'alternative.

 

Les multinationales ont une telle puissance qu'elles dirigent le monde, tout comme les banques qui ont du pouvoir grâce à la dette.

 

Dans les banques classiques, les décisions sont prises par les actionnaires. Les banques mutualistes restent dans des statuts autogestionnaires avec droit de vote des membres. C'est un pouvoir réel mais qui demande de s'y impliquer pour que cela serve à quelque chose. Il faudrait leur demander la transparence de ce qu'ils financent, le retrait des paradis fiscaux, des salaires raisonnables pour les dirigeants...

 

Source:

 

Atelier de l'université d'été d'Attac 2012

 

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