Skip to content

COMMENT S'INVESTIR DANS LA TRANSITION ENERGETIQUE?

Les projets "Virage énergie" ou Enercoop sont des exemples d'initiatives permettant de s'investir concrètement sur la question de la transition énergétique.

Précision: La notion de « transition énergétique » se conçoit ici en conjuguant baisse de la consommation, énergies renouvelables et accès social, pour éviter l’amalgame avec d'autres projets tels que le mix énergétique européen ou ceux de RIO +20..

 

DEMARCHE VIRAGE ENERGIE ILE-DE-FRANCE

 

Les associations nommées « Virage énergie » ont pour objectif la réalisation de scénarios énergétiques de baisse des émissions de Gaz à effet de Serre (division par 4) tout en sortant du nucléaire d’ici 2050. Elles s’appuient en général sur la démarche et les simulations établies par NégaWatt en 2006, 2008 et 2011 tout en initiant une méthodologie de terrain.

Une étude de la SCIC "les 7 vents du Cotentin" a notamment démontré que si on investissait les 3 Milliards d’euros du projet EPR dans les économies d’énergie et les énergies renouvelables, on créerait 15 fois plus d’emplois non dé localisables.

Ces associations sont déclinées au niveau régional, avec dans l’ordre d’apparition:

- Virage énergie Nord-Pas de Calais : dont l'objectif stratégique local est de lutter contre le nucléaire, notamment avec Gravelines qui est la plus grande centrale d’Europe. Ils ont élaborés un scénario de descente énergétique d’ici 2050, en gardant toutes les industries actuelles. Ce sont les seuls Virage-énergie à avoir terminé leur étude à ce jour. Pour plus d’infos : http://www.virage-energie-npdc.org/

- Virage énergie Pays de Loire : initié en 2008 en lien avec la lutte contre le projet d'aéroport à Notre-Dame-des Landes. Il s'agit de valoriser le territoire agricole plutôt que l’aéroport ou le nucléaire. Pour plus d’infos : http://virageenergieclimatpdl.org/

- Virage énergie Ile de France : La région étant peu productice d''énergie, le projet se focalise sur la baisse de la consommation énergétique en général. Pour plus d’infos : http://virage-energie-idf.org

-Virage énergie région Aquitaine et région centre Val de Loire viennent à peine de naitre. Pour plus d’infos : http://veaquitaine.wordpress.com/

 

La démarche Virage-énergie est avant tout de développer d’une expertise citoyenne pour être plus crédible vis-à-vis des citoyens, des élus et des experts. Il s’agit pour des citoyens de se réapproprier, comme le disait Michel Foucault, le « savoir-pouvoir » dans une démarche proche de celle de la fondation "Science citoyenne".


Les objectifs de l’association Virage-énergie IDF, présentés par Khaled GAIJI, sont de développer un scénario pour la région Ile-de-France pour:

- atteindre au minimum le facteur 4

- et une sortie du nucléaire

ce qui est inclus dans tous les scénarios Virage-énergie.

Par ailleurs il vise aussi:

- une baisse des inégalités sociales et de la précarité énergétique

- la réduction de la dépendance énergétique de l’Ile-de-France

Le scénario Virage-énergie IdF se base sur la logique et la démarche négaWatt: sobriété, efficacité énergétique et énergies renouvelables.

 

Sobriété énergétique : réduire la consommation par une réflexion sur nos besoins et habitudes de consommation etc. C'est l'équivalent d'un gisement d'énergie.

Les NégaWatts distinguent 3 formes de sobriétés. La sobriété :

- D’usage: comment on utilise nos matériaux

- Dimensionnelle: bien dimensionner les matériaux par rapport à nos besoins réels ex : pas de vidéo projecteur alors qu’un écran suffit

- Coopérative, mutuelle et conviviale: partage des matériaux, ex : Partage d’une machine à laver avec les habitants d’un même immeuble plutôt que chacun ait sa machine personnelle. 

 

L'efficacité énergétique: agir pour diminuer la consommation des appareils, des matériaux. Mais elle doit aller de paire avec la sobriété: d’un côté les matériaux sont de plus en plus efficaces, pourtant la consommation d’énergie grimpe toujours. Par exemple, on envoie plus de courriels et moins de courrier papier, mais la multiplication des courriels pollue énormément. http://ecologie.blog.lemonde.fr/2011/07/07/combien-de-co2-pesent-un-mail...

 

Les énergies renouvelables: baisser les dépendances énergétiques en utilisant l’énergie renouvelable. Les énergies renouvelables (mis à part le bois) sont dites énergie de flux: elles sont en quantité importante mais on peut difficilement les stocker, contrairement aux énergies de stock telles que les énergies fossiles. 

 

Réduire les inégalités sociales : en assurant la satisfaction des besoins énergétiques à un prix abordable pour tous en réduisant les clivages économiques.

 

La méthodologie effectuée par Virage énergie associe :

- Une collecte des données sur le terrain (définition d’un territoire, états des lieux avec habitudes de consommation)

- La réalisation d’hypothèses (économiques, techniques, politiques,…): Identification du gisement de négaWatt et limites du potentiel (limites technologiques, politiques et sociales)

- La construction d’un scénario élaboré sur les projections faites, pouvant être validé par un bureau d’études.

- Ce scénario est porté devant les citoyens et les collectivités.

 

Virage énergie Ile de France se focalise sur les problématiques des transports et des bâtiments, les plus énergivores. Ils définissent des hypothèses politiques puis les moyens nécessaires. Ainsi, une des hypothèses politiques de Virage-énergie IdF est de sortir du nucléaire, en 2020 de manière urgente ou en 2030 de façon plus pragmatique, sans compensation carbone ni gaz de schiste. Les économies et technologies devront suivre: Il s’agit de réarticuler besoins et énergie.

 

Virage Energie Ile-de-France a choisi de mandater un bureau d'étude pour vérifier le travail déjà fait afin d'obtenir un chiffrage crédible, ce qui suppose d'obtenir des subventions pour financer cette étude d'un coût de 12000 à 16000 euros.

 

Remarque:

Quel fonctionnement et quelle implication citoyenne?:

Virage Energie Ile-de-France fonctionne par groupes de travail, avec la participation d'une trentaine de personnes, dont un noyau d'une dizaine de personnes plus impliquées. Il faut fournir beaucoup de travail pour la question des transports. Ils sont aidés par une stagiaire qui vient du REC (Réseau Action Climat). Beaucoup de personnes sont des praticiens de l'énergie (professionnels), militants par ailleurs. Pour que des personnes non spécialistes puissent intégrer de tels groupes de travail, il faut qu'elles puissent y participer dès le départ. Sinon les questions deviennent vite trop complexes.

 

ENERCOOP BRETAGNE

 

Enercoop Bretagne propose une alternative au pacte électrique breton signé par l’état et la région pour répondre aux besoins en électricité des habitants. Ce pacte utilise l'argument de la faible production locale (9% de ce qui est consommé) pour proposer de gros projets centralisés du type éolien off-shore. Pour sécuriser l'approvisionnement, il prévoit d'autre part des lignes à haute tension, des centrales thermiques au gaz... Les acteurs principaux de ces projets sont Areva et GDF-Suez.

 

Enercoop Bretagne a développé plusieurs angles d’action :

 

- promouvoir les économies d'électricité

 

- mener la décentralisation électrique, c'est-à-dire produire localement, rapprocher production et consommation, sans aller toutefois jusqu'à l'automie énergétique: concerver des échanges possibles avec les autres territoires

 

- développer des réseaux intelligents pour adapter la consommation au moment de la production: par la régulation des appareils; des "heures renouvelables" plutôt que les tarifs incitatifs actuels; des solutions de stockage et/ou de production comme les stations de pompages qui remontent l'eau dans les barrages quand l'énergie est en surplus.

 

- poser la question de la dépendance et l’indépendance énergétique. D’après Global chance notre dépendance en pétrole et en uranium n’a cessé d’augmenter entre 1960 et 2012: notre indépendance à ce jour n’est que de 9%.

 

- rapprocher producteurs et citoyens sur cette question de l’énergie: ce devrait être fait à la base par le service public mais ce n'est pas le cas avec EDF, d'où des initiatives citoyennes telles qu'Enercoop. Enercoop a un statut de SCIC (Société coopérative d'intérêt collectif), le seul statut permettant l'implication des collectivités locales.

 

Pour faire vivre la démocratie interne et associer les collectivités locales, Enercoop a essaimé en Ardennes-Champagne, Nord-Pas de Calais, Rhône Alpes et bientôt en Languedoc-Roussillon, Bretagne et Paca. Cet essaimage régional pourra devenir départemental voire cantonal en fonction du développement des initiatives.

Enercoop vend exclusivement de l'électricité en provenance des énergies renouvelables à 12000 clients. 8000 sociétaires forment la coopérative. L'approvisionnement en électricité continuera de s'effectuer par un achat auprès de petits producteurs locaux mais aussi par des unités de productions citoyennes. A cet effet, un fonds d'investissement « Energie Partagée » a été créé.

 

Remarques:

 

** Actuellement Enercoop "soutraite" en quelque sorte son développement au plan régional mais une réflexion s'engage pour renverser cette organisation afin que les décisions se prennent localement, les questions techniques pouvant être plus centralisées.

 

** L'énergie renouvelable produite circule dans le réseau EDF, de même que l'énergie d'origine nucléaire. On ne peut donc pas garantir l'origine de l'électricité consommée. Cependant Enercoop produit l'équivalent de ce qui est consommé par ses adhérents avec des énergies renouvelables. D'autre part, les électrons se déplacent physiquement au plus près. L'énergie que l'on consomme dépend donc des moyens de production les plus proches de chez soi.

 

** Beaucoup d'initiatives de production citoyenne d'énergies renouvelables se développent actuellement mais il n'y a pas encore de mutualisation entre elles, sauf par endroits, comme avec Réseau Taranis en Bretagne, qui fédère déjà plus de 20 porteurs de projets citoyens bretons. Pourtant les questions techniques et les montages financiers sont complexes et nécessitent de l'aide.

 

** Les tarifs d'Enercoop sont plus chers de 30% par rapport aux tarifs régulés d'EDF, ce qui pose problème socialement. 

 

- Les tarifs régulés ne correspondent pas à la réalité du coût de l'énergie produite par EDF.

 

- Le premier objectif d'Enercoop, créé en 2005, était de ne pas échouer d'où des abonnements et des tarifs au kw/h plus chers. Ils ont été en déficit pendant plusieurs années avant de parvenir à un équilibre financier en 2010.

 

- Une réflexion est engagée vis-à-vis des abonnements: supprimer l'abonnement et augmenter le tarif au kw/h, voire le rendre progressif, serait plus favorable à la sobriété énergétique. C'est ce qui est pratiqué pour la consommation d'eau à Viry Châtillon par exemple. Mais cela pose problème sur le plan de la précarité sociale: la sobriété énergétique est difficile dans des logements mal isolés et avec des équipements énergétiques peu performants.

 

- Enercoop ne peut bénéficier de la taxe prélevée sur les factures pour assurer la contribution au service public de l'énergie: c'est cette taxe qui permet de financer le tarif social, la péréquation et le service en milieu rural, la cogénération, la production d'énergies renouvelables, c'est-à-dire d'assurer le service public. Elle est réservée en France à EDF et aux producteurs historiques. Il faudrait parvenir à faire changer cette législation mais le risque est qu'elle soit alors utilisée par les grosses entreprises non citoyennes.

 

** Une autre façon de voir les problèmes énergétiques serait de partir des besoins et de les financer par les économies d'énergie future. Mais financer de la sorte des travaux d'isolation thermique par exemple n'est possible actuellement qu'avec des partenariats public-privé.

 

** Le n° 1195 de Politis de mars 2012 présente un dossier sur les finances citoyennes dont Energie partagée, qui collecte de l'argent pour financer des projets d'économie d'énergie et de production d'énergie renouvelable, sur le même principe que Terre de Liens pour l'installation d'agriculteurs. C'est ainsi qu'ils ont aidé au financement d'un projet de champ éolien en Bretagne, soutenus par 600 citoyens, regroupés en Cigales.

 

** Le recyclage des matériaux utilisés dans le photovoltaïque, l'éolien.., est une question importante à prendre en compte, de même que celle d'une production propre. Des filières de démantellement doivent être prévues.

 

La question des évolutions technologiques est aussi délicate: Les association Virage énergie ne prennent en compte que les technologies actuelles, tandis que le dernier scénario Négawatt envisage les possibilités de nouvelles technologies. De même, faut-il construire des éoliennes le plus vite possible avec les techniques actuelles ou attendre que la recherche permette de limiter le bétonnage des fonds marins ou la consommation de métaux pour leur construction?

 

** Lorsque l'on souhaite s'investir localement sur un projet en matière de transition énergétique se pose la question de choisir entre

 

- faire un bilan énergétique, comme avec Virage-énergie, ce qui prend du temps et nécessite donc d'attendre avant que soient prises des décisions de mise en route de projets concrets

 

- ou pousser des partenaires tels que le conseil général, la communauté de communes, Énercoop, le CIVAM..., à ne pas attendre le résultat du bilan et à engager dès maintenant un projet de transition énergétique avec une production localisée, une réduction des consommations, etc. ...

 

Sources:

 

** Compte-rendu complété de l'atelier Transition énergétique proposé à la CNCL d'Attac France du 24 mars 2012 présentant des exemples d'initiatives permettant de s'investir concrètement sur la question de la transition énergétique, individuellement mais aussi au niveau de son comité local.

Cet atelier s'inscrivait à la suite d'un 1er atelier de la CNCL  d’avril 2011 sur les villes en transition et au rassemblement de Lézan en août 2011 « Convergences pour la planète ».

http://www.france.attac.org/atelier-3-transition-energetique

 

** Présentation d'Enercoop Bretagne par Guy Martin, président de l'Association de Préfiguration Enercoop Bretagne (APEB) et membre d'Attac St-Brieux

Contacts: presidentAPEB@enercoop-bretagne.fr

www.enercoop-bretagne.fr     

 

Pour aller plus loin:

 

** http://www.spirale.attac.org/content/enercoop-energie-renouvelable-et-cooperative

*** La transition énergétique dans une perspective altermondialiste:

http://france.attac.org/nos-publications/notes-et-rapports-37/articles/la-transition-energetique-dans-une-perspective-altermondialiste?id_rub=?id_mo=

et en pièce jointe ci-dessous.

*** Les fiches du groupe Energie: http://www.spirale.attac.org/actions/par-thematiques/energies-transports/article/fiches-energie

 

Fichier attachéTaille
La transition énergétique dans une perspective altermondialiste87.4 Ko

Ajoutez des informations à cet article.

Le contenu de ce champ sera maintenu privé et ne sera pas affiché publiquement.
  • Les adresses de pages web et de messagerie électronique sont transformées en liens automatiquement.
  • Les lignes et les paragraphes vont à la ligne automatiquement.

Plus d'informations sur les options de formatage

By submitting this form, you accept the Mollom privacy policy.

Spirale est un site d'Attac France

Créé avec l'aide de Drupal, un système de gestion de contenu "opensource"
sfy39587p00