Skip to content

STUDIO D

Studio D (D pour Débrouille) est un lieu alternatif en milieu rural créé il y a 3 ans avec peu de moyens, en s'appuyant sur la débrouille et un réseau de sympathisants. Il allie art, artisanat et agriculture, les 3 personnes responsables du lieu y exercant leurs métiers sur place: agriculteur (éleveur d'escargots et cueillette sauvage), charpentier et ingénieur son.

 

Ils ont tenu à financer eux-mêmes l'achat du lieu afin d'être indépendants. Pour pouvoir faire les travaux nécessaires, ils ont fait appel à l'entraide collective en organisant un chantier participatif bénévole: une quarantaine de personnes ont ainsi réalisé les murs du hangar ouvert, en bottes de pailles et en torchis. Ils ont aussi fabriqué des toilettes sèches, une tente de sudation..., en utilisant des matériaux locaux et peu chers.

 

Un financement complémentaire a par exemple été trouvé grâce à la production de cidre fait collectivement, de la cueillette des pommes à la vente des bouteilles.

 

Ce local permet de faire de la musique, avec deux salles de répétition et un espace pour les spectacles.

 

Le lieu propose aussi diverses activités en fonction des propositions: atelier poterie, atelier photo, médiathèque avec mise à disposition des DVD de chacun, atelier de réparation de vélos ensuite prêtés, mise à disposition de buttes pour s'exercer à la permaculture... Les prix sont libres, l'essentiel étant de favoriser l'échange.

 

La récupération de matériaux, d'objets, de nourriture... est valorisée. Ils ont par exemple organisé une "soupe aux cailloux" dans le cadre du Festival Alimenterre lors de la projection du film Dive! (documentaire américain réalisé par Jeremy Seifert sur le gaspillage de nourriture encore consommable mais jetée à la poubelle). Les personnes étaient invitées à venir avec un bol et un légume un peu abimé qu'ils ont symboliquement jeté dans une poubelle. Ces légumes ont été cuisinés pendant la projection du film avec des légumes récupés. Une soupe collective a ensuite été servie aux participants.

 

La gestion du lieu est assurée par un bureau composé des trois personnes fondatrices, pour plus d'efficacité. Les 3 fondateurs sont amis d'enfance: ils se connaissent très bien et sont soudés par leur amitié qui est un facteur important dans la réussite de leur projet. Ils avaient aussi l'expérience d'avoir organisé ensemble des festivals et des tournées.

 

Ils sont ouverts aux projets des autres dont ils souhaitent aider à la mise en oeuvre. Ils sont ainsi entrés au PILES (Pôle d'Initiatives Locales et d'Economie Solidaire) et au Réseau des Initiatives Solidaires.

 

La création de ce lieu correspond à la volonté de vivre en accord avec leurs idées. Les objectifs des membres est de bien vivre et de vivre juste par rapport aux générations futures, sans s'isoler de la population locale. Venant de la ville, ils veulent d'abord bien s'intégrer mais souhaitent ensuite pouvoir faire des propositions par rapport à ce qui se fait dans la commune voisine. Ils ne voulaient pas vivre dans une communauté fermée voire sectaire. Ils vivent séparément tout en mettant en commun des locaux, du matériel et en vivant ensemble des activités.

 

Ils veulent montrer que l'on peut faire beaucoup de choses avec peu de moyens mais aussi au culot et avec une certaine prise de risques.

 

Le réseau de personnes qui les soutiennent est essentiel. Ils prennent du temps pour rencontrer d'autres personnes, échanger. Ils insistent aussi sur l'importance de faire ensemble quelque chose de concret. C'est la réussite de ce à quoi les personnes ont participé qui les encourage à revenir. Le réseau leur permet aussi d'avoir connaissance d'opportunités intéressantes, de récupérer du matériel destiné à être jeté etc. Ils accueillent aussi des "wwoofers" qui leur apportent beaucoup en partageant avec eux leurs expériences.

 

Ils ont beaucoup d'idées de projets:

 

- l'installation de 6 éoliennes de moins de 12 mètres et de petite capacité autofabriquées avec peu de matériel. Ils veulent démonter ainsi que le côté technique ou l'aspect financier ne doivent pas faire peur. 

 

- un système de phytoépuration, particulièrement intéressant en milieu humide comme le leur et soutenu par le Parc Régional.

 

- une boutique d'alimentation, proposant 3 systèmes de vente:

la vente directe de productions locales

l'achat par commandes groupées

la vente par internet sur le site "la Ruche qui dit oui" qui permet des achats en gros, directement du producteur lorsque suffisamment de commandes sont réunies.

La boutique permettrait aussi d'autres types d'échanges: le troc, le tarif libre sur certains produits, la récupération de pots et bouteilles en verre ensuite réutilisées etc.

La vente sera dans un premier temps assurée par les producteurs et des bénévoles, mais avec la volonté de permettre une rémunération dès que possible en prenant 10% sur les produits vendus. Pour eux il ne s'agit pas en effet de remplacer des emplois par du bénévolat: l'activité bénévole ne doit durer que le temps de lancer l'activité. Les heures faites seront payées par l'association ou bien un statut Siret d'entreprise sera créé.

 

Eléments de la discussion

 

La pluri activité est importante pour qu'un projet dure dans le temps. C'est d'ailleurs ce que l'on observe dans beaucoup de projets paysans. Cette multiplicité des activités va à l'encontre de ce qui est préconisé habituellement où l'on demande de se centrer sur un projet précis.

 

La pugnacité est aussi très importance face aux premières difficultés et est nécessaire pour pouvoir créer quelque chose. Cette tenacité est d'autant plus nécessaire que le projet demande un financement important. L'autre difficulté est de parvenir à construire réellement un projet en co-responsabilité entre la population locale et les élus: ce sont souvent deux mondes séparés. La préparation d'un projet lors de forums sociaux a pu permettre d'impliquer des élus qui y passaient et se sont alors engagés.

Exemples: la Maison de la solidarité a demandé des années de préparation avant de voir le jour il y a deux ans. Quant à la Maison des Babayagas, l'emménagement est prévu pour octobre 2012, 13 ans après l'appel lancé par Thérèse. Mais il exigeait un financement de 4 millions d'euros! Des événements fortuits peuvent cependant booster les projets. Dans leur cas, cela a été la canicule de 2003 qui a mis en évidence l'importance des personnes âgées. L'appui de la presse est aussi un élément qui les a beaucoup aidées. Ne pas hésiter à faire appel aux journalistes, ils répondent souvent aux demandes.

La mise en oeuvre des projets demandant de la tenacité, il est important de se baser sur des personnes que l'on connaît bien, fiables dans la durée et honnêtes, de cibler sur les plus motivées. Par ailleurs, il faut se battre pour que les personnes qui font le travail sur le terrain puissent être rémunérées, en particulier dans les pays pauvres.

 

Il faut être en alerte par rapport aux possibilités de récupération et de réutilisation. Elles supposent de regarder notre environnement avec la capacité de le transformer, ce qui devrait être développé dès l'enfance. Diverses initiatives vont dans ce sens: Par exemple, à Paris, la Réserve des Arts récupère dans des entreprises du matériel considéré comme inexploitable (invendus, chutes de production...) pour le stocker et le vendre à bas prix au secteur culturel. A Lille, la récupération de nourriture en fin de marchés est maintenant organisée avec les vendeurs qui les mettent de côté dans des caisses pour ne pas les abîmer. Les marchandises sont ensuite données aux personnes défavorisées sous une tente. OXFAM a ouvert des bouquinerie à Paris et à Lille.

 

Etre ouvert aux idées des autres, de ceux qui passent, au delà de ce que l'on peut faire soi même, permet que certaines d'entre elles soient reprises par d'autres. Il existe d'ailleurs des lieux publics, tels que des bars, des restaurants..., financés classiquement, mais qui accueillent aussi diverses activités et sont des lieux de rencontre d'où peuvent émerger des projets.

 

L'appui d'un réseau est essentiel. Des personnes ont développé des compétences justement pour les mettre au service des autres. De même, chaque membre du réseau met ses compétences au service des autres, ce qui est à l'opposé des démarches de captation, de brevetage...

 

Mettre en évidence les nouvelles richesses et les personnes qui les portent, qu'elles soient artistes, âgées... Les syndicats sont rivés à la production alors que cela devient presque dépassé. Dans notre société, est considéré comme vieux celui qui ne produit plus. Or on peut créer jusqu'à la mort. C'est en s'appuyant sur les compétences de ces personnes que l'on changera le regard porté sur elles, regard qui peut induire la dépendance.

 

Ne pas s'arrêter au prétexte que cela ne s'est jamais fait et commencer même dans l'illégalité. Les projets sont légitimés par la suite par l'évidence des nouveaux besoins auxquels ils répondent. La fonction publique n'a pas de laboratoire d'innovation comme dans les entreprises mais elle peut se baser sur le fait accompli et le fait que cela marche. Cependant certaines initiatives ont un champ d'action qui devraient relever de l'Etat ce qui peut poser problème.

Les rapports avec l'administration peuvent être vécus comme sclérosants car elle fait souvent traîner les choses d'où un gaspillage d'énergie qui décourage. Elle a du mal à accepter les nouveaux groupes qui ne rentrent pas dans les cases prévues.

Pour en savoir plus:

http://poleecosolidaire27.fr/studio-d/

 

Source:

Présentation de Studio D par Yves, l'un des fondateurs, suivie d'un échange entre les participants à la formation "Créer et faire vivre une initiative alternative" du 28 janvier 2012.

Ajoutez des informations à cet article.

Le contenu de ce champ sera maintenu privé et ne sera pas affiché publiquement.
  • Les adresses de pages web et de messagerie électronique sont transformées en liens automatiquement.
  • Les lignes et les paragraphes vont à la ligne automatiquement.

Plus d'informations sur les options de formatage

By submitting this form, you accept the Mollom privacy policy.

Spirale est un site d'Attac France

Créé avec l'aide de Drupal, un système de gestion de contenu "opensource"
sfy39587p00