Une coopérative créée par de jeunes argentins pour développer leur autonomie et l'activité sociale de leur communauté.

L'ancrage territorial de la Minga

Oncativo est une petite ville de l’intérieur de la Province de Córdoba. Des jeunes s’organisent dans le contexte de crise et de chômage du début des années 2000 et mettent en place un programme de radio, un réseau de commerce équitable et des projets artistiques. Lors de l'été 2003, un rassemblement « Terre, travail et justice » est organisé à l’occasion d’un délogement de famille paysanne et débouche sur la décision de se réunir autour d’un projet commun sur une base locale et ancré dans un quartier populaire.

Leur activité productive

La coopérative de production apparaît comme le moyen de faire exister l’organisation dans la durée : le travail n’est pas une fin en soi mais un moyen d’autonomie. Le choix du nom « La Minga » qui signifie travail communautaire en langue indigène, montre l'importance de l’utilité sociale du projet. C’est ensuite seulement que naît la réflexion sur l’activité productive à mener: ils choisissent d’abord celle pour laquelle ils sont le plus compétents, à savoir la construction. Puis à mesure que s’ajoutent des coopérateurs et que se fait ressentir la nécessité de créer plus de travail, naissent de nouvelles entreprises : décoration sur marbre, charpenterie sur aluminium, sérigraphie, ingénierie.

Les mingueros n’ont pas de capital: c'est une action sans moyens. Pour lancer la charpenterie, ils paient un formateur et réalisent un prêt auprès d'une banque coopérative pour l’acquisition des machines. Ils louent leurs locaux. Et chaque entreprise est couverte de succès.

Ils sont pragmatisques par rapport au marché: ils veulent s’en émanciper autant que possible mais ne pas attendre la révolution pour agir.

L'autogestion

Dès l’origine les associés de la Minga se définissent comme des « travailleurs sans patron ». Quand on demande aux nouveaux pourquoi ils ont rejoint la coopérative, ils expliquent que ce qui leur plaît c’est de faire un travail qui leur plaît avec des gens qu’ils apprécient et de la manière qui leur plaît. Le choix d’un fonctionnement autogestionnaire se manifeste dans l’organisation horizontale du travail (réunions de secteurs et réunions de coordination, assemblées générales) et dans le mode de rémunération « à chacun selon ses besoins » avec toute une réflexion sur le critère de la justice.

Une organisation sociale

La Minga se conçoit moins comme une coopérative de travail que comme une organisation sociale. Leurs revenus leur permettent de vivre et de développer une activité sociale dans leur quartier: organisation de jeunesse dotée de sa « murga » (fanfare populaire), ateliers d’arts plastiques, de soutien scolaire, de lecture, de théâtre, d’alphabétisation pour les adultes, de jardinage…

En plus de cela ils s’engagent dans les luttes environnementales de la ville et de la province, notamment contre l’épandage de pesticides. Ils articulent leur travail avec des organisations locales, provinciales, nationales, internationales…

L'éducation citoyenne

Non seulement les mingueros font un travail d’éducation populaire dans les quartiers et ont un réel impact sur leur ville, mais ils travaillent aussi à leur propre formation, conscients que l’émancipation passe aussi par la connaissance et la culture.

Source:

Extrait d'une présentation effectuée par Baptiste Bloch lors de la formation sur les alternatives organisée par Attac et Récit les 15 et 16 octobre 2011 sur la base d'une enquête personnelle de huit mois sur les entreprises récupérées et coopératives de travailleurs réalisée en Argentine: S'inspirer des alternatives argentines?.