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FORMATION SUR LES ALTERNATIVES LOCALES /1

RECIT et ATTAC ont co-organisé un cycle de formation pour favoriser l'émergence d'alternatives locales. L'objectif était de former des militants en capacité d'être des relais et des animateurs locaux en matière d'actions alternatives sur le terrain, afin de pouvoir répondre aux besoins locaux et/ou lancer une mobilisation sur ce thème.
Une première session a été organisée samedi 15 et dimanche 16 octobre 2011 à Paris. Elle a été suivie d'une seconde session
les 28 et 29 janvier 2012 à Paris centrée sur la construction d'alternatves locales.
PROGRAMME ET COMPTE-RENDUS DE LA PREMIERE SESSION
Cliquez sur les mots en rouge.
PREMIERE PARTIE
1/ Les enseignements du Parcours des alternatives.
A partir d'exemples significatifs, il s'agit de montrer la diversité de ce que l'on peut rentrer dans "les alternatives" et les éléments de leur réussite.
2/ Qu'est-ce qu'une alternative?
A partir des alternatives portées par les participants, analyser en ateliers puis en plénière leur vision des alternatives, les questions qu'ils se posent et les éventuels désaccords.
3/ L'économie sociale et solidaire, un mouvement en évolution.
L'actualité des principes, de leur mise en oeuvre, les perspectives actuelles
4/ Les alternatives dans le contexte sud-américain
Appréhender des expériences sud-américaines et les conditions de réussite.
Synthèse de cette première partie:
Qu'est-ce qu'une initiative alternative?
Par rapport à quoi cette initiative est-elle alternative? Les principes de l'Economie sociale et solidaire permettent d'en avoir une approche théorique, tandis que les enseignements du parcours des Alternatives organisés par l'association Récit montrent comment cela se traduit concrètement dans les initiatives étudiées.
1/ A partir des principes de l'économie sociale et solidaire (ESS) qui s'est mise en place dans les années 80 et qui repose sur un changement d'imaginaire en termes:
- de distribution des pouvoirs: A la suprématie masculine, aux Think tank occultes, aux lobbys et à la collusion entre politique et économique, l'ESS oppose la parité, la démocratie participative et l'accès à l'information.
- de structure de production: Aux structures pyramidales et élitistes, à la généralisation de la mise en compétition de tous contre tous, l'ESS préfère le fonctionnement en réseau, l'intelligence collective et le modèle de la coopération.
- de répartition des profits: Dans l 'économie classique, la répartition des profits se fait au bénéfice d'une oligarchie, d'une élite et de rentiers, avec pour essayer de contrebalancer ces inégalités la création de fondations fonctionnant sur la charité. L'ESS revendique de son côté un revenu minimum garanti, un revenu maximum autorisé universel et des services sociaux universels.
- de reconnaissance sociale: Alors que l'économie traditionnelle valorise le profit individuel, l'ESS met en avant l'utilité collective. Elle privilége les productions nécessaires à la vie et élimine celles qui sont mortifères. L'utilité et la pertinence d'une production sont à évaluer en regard du rôle du produit, de l'empreinte écologique, du bilan travail réel, de l'esthétique du vivre ensemble.
L'ESS reconsidère la place du travail et surtout met en acte la démocratie dans l'entreprise, notamment au sein des coopératives, ainsi qu'une autre façon de gérer le capital en partageant l'outil de travail. C'est une économie de l'innovation économique, sociale, institutionnelle et même technologique. Elle couvre tous les aspects de la vie : nourriture, santé, habitat, énergie, transport, production, éducation, finance, culture... et répond souvent à des besoins non couverts.
2/ A partir des enseignements du Parcours des alternatives organisé par Récit
Récit est née en 2002 et signifie Réseau des Ecoles de Citoyens. Elle considère l'éducation citoyenne comme un levier puissant de transformation sociale. En 2008, Récit a mis en place le Parcours des alternatives qui consiste à aller sur le terrain à la rencontre de ces initiatives (une quarantaine), puis à organiser des séminaires afin de mutualiser les pratiques et d'en tirer des enseignements.
Les objectifs du programme sont d'interroger des expériences innovantes porteuses d'alternatives menées dans les régions concernées, de les faire connaître à un public plus large, de rassembler les citoyens autour de dynamiques locales et de changer notre regard sur le monde, d'avoir un espoir positif sur l'avenir de notre société.
Il est difficile de savoir a priori si une initiative est vraiment une alternative ou pas. Certaines actions sont initiées dans une logique alternative par rapport au système mais peuvent être ensuite récupérées. D'autres créent des déséquilibres et sont porteurs d'une autre logique. De plus un projet réussi, même limité, en suscite souvent d'autres. L'expérience de la réussite donne l'idée qu'on peut changer les choses.
Quand on examine ensemble la quarantaine d'expériences du parcours des alternatives, se dessinent les contours d'une alternative globale. Des points forts apparaissent:
* Des modes de consommation et d'échanges cohérents avec les valeurs de la société que l'on veut construire.
* Une restauration du lien social qui affirme l'égale dignité de tous et le pouvoir de chacun sur sa propre vie
* La volonté de préserver l'agriculture et l'environnement, y compris chez les citadins.
* Le soucis d'un autre développement territorial
* Des associations et des entreprises solidaires qui sont écoles de démocratie.
* La renaissance de la pensée: discussions philosophiques, partages de lectures, débats d'idées sur les valeurs...
* L'importance de l'expression littéraire et artistique, nécessaire à construction d'un autre imaginaire et à la reconnaissance de ses propres richesses
* Très souvent elles sont porteuses de solidarité internationale.
DEUXIEME PARTIE:
Identifier collectivement les pistes et les outils nécessaires pour faire progresser l'émergence ou la consolidation d'alternatives. A partir de l'expérience des personnes présentes, rechercher en atelier les éléments porteurs et les freins à la mise en oeuvre.
6/ Présentation d'outils existants
Le parcours des initiatives locales
Un PILES: pôle d'initiatives locales pour l'économie solidaire
Le répertoire des actions réalisables sans moyens
7/ Bilan et prochaine session
Elaboration des objectifs de la prochaine session (contenu et méthodes) et du travail collectif à mettre en oeuvre d'ici là.
Synthèse de la deuxième partie:
1/ Pistes pour faire progresser les initiatives alternatives
Les expériences démarrent souvent à partir d'un problème, d'une lutte contre l'inacceptable qui provoque une indignation, une prise de conscience et mobilise un groupe permettant que des liens se créent entre différents acteurs. Mais si on part d'une réflexion globale il est important de la relocaliser en s'appuyant sur des initiatives locales. Créer des événements (animations, films...), lancer un échange et immédiatement enchainer sur un groupe de travail permettent de garder la dynamique et de faire avancer les projets. Si un groupe de citoyens n'arrive pas à concrétiser son projet, il ne doit pas hésiter à chercher l'aide de compétences extérieures, des structures et réseaux existants
Parfois le démarrage est lié à l'expérience d'une personne qui arrive à mobiliser un groupe. Mais une alternative uniquement portée par le charisme d'une personne et non transposable a un intérêt limité.
Pour l'économie solidaire en particulier, partir des besoins de tous et en particulier des problèmes de la vie quotidienne, s'appuyer sur ces besoins personnels est bien plus efficace pour conserver une motivation dans le temps que de partir d'idées générales. Cela permet aussi de toucher des personnes nouvelles et non engagées au départ.
Aller à la rencontre des personnes, là où elles sont, et ne pas attendre qu'elles viennent à nous: aller dans la rue, sur les lieux de travail, à la sortie de l'école... pour aller au-delà des personnes convaincues. La participation s'élargit avec la création de ces espaces informels. La fête est aussi un élément important qui donne aux gens une autre vision du groupe où ils sont, qui permet de sortir de l'anonymat et d'exprimer de ce dont on ne parle pas habituellement.
Il est important de considérer les personnes les plus démunies et en situation de discrimination comme des acteurs légitimes et pas seulement des sujets légitimes. Ces situations qui mettent ces personnes en situation d'acteurs reviennent aux fondements du mouvement de l'éducation populaire et lui redonnent sa force: il s'agit de faire « avec » et non « pour ». Mais ce mouvement d'émancipation est aussi important au niveau des classes moyennes qui ont aussi besoin de participation et d'agir autrement.
Il faut être conscient et faire prendre conscience du temps nécessaire pour enclancher une dynamique et pour concrétiser des initiatives. On ne peut rien mener de significatif sans agir dans la durée. Mais il faut aussi être conscient qu'actuellement les actions se développent plus par une succession de temps forts que de manière continue, comme les associations classiques avaient l'habitude de le faire avec des personnes qui s'engageaient sur plusieurs années.
Beaucoup d'expériences reposent sur un projet partagé par un noyau de militants ayant avec une perception commune des enjeux mais aussi des valeurs et des objectifs. On y autorise un foisonnement d'initiatives diverses dans la mesure où elles reposent sur ces valeurs communes.
L'organisation institutionnelle des associations doit évoluer pour pouvoir toucher des gens nouveaux: par exemple, en ouvrant les activités à tous et pas seulement aux membres; en pratiquant la rotation des tâches... Il est important que des initiatives porteuses d'alternatives soient en même temps porteuses d'éducation populaire et citoyenne.
Le rapport entre salariat et bénévolat doit être repensé. Dans les associations où le travail salarié s'est beaucoup développé du fait des offres de marchés, il faut redonner la priorité au bénévolat et à l'engagement citoyen, qui ont été négligés. L'engagement militant des salariés doit aussi être reconnu: dans certaines associations, ils peuvent être considérés comme des permanents ou être membres du conseil d'administration.
Parallélement, certains projets n'aboutissant pas par manque de compétences ou de temps disponibles chez les bénévoles. Les bénévoles qui ont des compétences doivent pouvoir en vivre et devenir salariés. A l'inverse, il est important pour la pérénité de l'initiative que les salariés soient embauchés sur leurs compétences et non par copinage.
2/ Facteurs de pérennisation
Quand l'initiative prend, penser à booster les autres acteurs du territoire: associations, élus...
* Créer des collectifs, des réseaux, participer activement aux réseaux existants. Travailler à une meilleure connaissance des autres acteurs locaux, à la coordination des différentes initiatives sur son territoire. Avoir la volonté de s'ouvrir aux compétences "externes".
* Chercher et trouver le support des élus, en s'adaptant à leur logique. Il faut apprendre à leur parler. Les rapports avec les élus est souvent complexes que ce soit au moment de la création de l'initiative que plus tard quand elle peut entrer en rivalité avec leurs propres actions.
Communiquer
* Définir le projet, créer les supports, se former à présenter en public son initiative. Ne pas confondre les moyens et l'objet de l'initiative. En communiquant, on se rend mieux compte de ce que l'on est.
* S'appuyer sur le mois de l'ESS, un forum des alternatives etc. ainsi que sur les médias : locaux, alternatifs...
* Avoir un lieu public permet d'être visible, d'enclancher des rencontres...
Alterner des moments d'ouverture pour communiquer et des moments de concentration sur soi pour savoir qui on est, où on va.
* Une initiative ne peut rester une alternative dans la durée que si son action, son organisation... sont en permanence remises en questionnement et si les motivations et la dynamique du démarrage sont régulièrement "revisitées" pour s'assurer que l'on ne s'est pas égaré.
* Quand on avance, veiller à ce que ceux qui sont dans l'initiative soient tenus au courant, comprennent, participent : ne pas les perdre en route. Assurer la transparence du processus, de son fonctionnement... Trouver des supports pour permettre la coordination des intervenants, parfois très divers, autour du projet commun.
Annexes:
1/ Un pôle d'initiatives locales et d'économie solidaire en milieu rural (PILES)
Depuis 2002, le pôle d'initiatives locales et d'économie solidaire de Pont Audemer, a pour objet de soutenir, promouvoir et développer l'économie solidaire. C'est un outil de développement territorial et d'animation rurale. Il regroupe un relais local Lire et Faire Lire (des retraités racontent des histoires aux enfants pour leur donner le goût de la lecture), La Boutique Equitable, animée par des bénévoles, et un espace documentaire sur la solidarité internationale.
PILES accueille les personnes qui souhaitent passer de l'idée au projet, de l'envie à la réalisation dans le domaine de l'économie solidaire. A cet effet, l'association anime la rencontre des protagonistes dans les premières phases de réflexion, proposent des outils et des personnes ressources, aide dans les démarches administratives et les suit dans la mise en œuvre de leur projet. Plusieurs services ont vu le jour à l'initiative de l'association : l'AMAP Risloise (association pour le maintien de l'agriculture paysanne), le SEL de Risle (système d'échanges local de biens et de services sans monnaie), d'autres ont été accompagnés dans leur démarche : Calonne Terre de Liens, Les Tuiles de l'espérance, Le Panier rislois...
Depuis début 2008, le PILES coordonne un Réseau des Initiatives Solidaires, comprenant les associations crées et accompagnées par lui et des associations partenaires. Ce Réseau a organisé en avril le Premier Printemps des Solidarités et prépare La Semaine de la Solidarité Internationale en novembre. Il édite un journal : Nouvelles Solidaires.
2/ Les forums sociaux
Il existe un certain nombre de forums de l'ESS. En tant que vecteurs d'émergence d'alternatives concrètes au système économique actuel, en tant donc qu'incubateurs d'un autre monde possible, leur rapport et articulation aux forums sociaux se posent logiquement, même si certains acteurs ESS se positionnent en « apolitiques ».
Le mouvement social et celui de l'ESS auraient tout intérêt à se rapprocher comme l'illustre par exemple la situation en Argentine. Dans ce pays, beaucoup d'alternatives se sont développées depuis la crise de la fin des années 1990: coopératives de production, banques communautaires, systèmes d'échanges... grâce des politiques publiques favorables au niveau du cadre législatif, d'une adaptation des règles du marché, d'aides à la compétitivité. Mais ces politiques publiques ont été construites à partir de la base par la force du mouvement social: au départ, le gouvernement menait une politique de répression contre les travailleurs qui prenaient le contrôle de leur entreprise.
L'exemple argentin montre aussi que dans certains cas le statut de coopérateur peut être dévoyé comme outils de flexibilisation de la main d'oeuvre ou moyen d'occuper à peu de frais des chômeurs, constituant une sorte d'externalisation de la politique de l'emploi. Il faut donc être vigilent sur le plan social pour que le développement de l'ESS soit un facteur d'émancipation et non de précarisation.
Remarque: On peut observer un processus similaire en France avec la promotion par l'Etat des auto-entrepreneurs, à laquelle s'oppose la création de coopératives d'activité et d'emploi qui offrent au porteur de projet un statut "d'entrepreneur salarié" lui permettant de percevoir un salaire et de bénéficier de la couverture sociale d'un salarié classique.
- INITIATIVES:
Spirale est un site d'Attac France
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