Mieux connaître l’économie solidaire et ses réseaux pour pouvoir développer des coopérations.

L’économie sociale et solidaire (ESS) qui s’est mise en place dans les années 80 a développé des solutions qui commencent à émerger et à être visibles. Cette ESS repose sur un changement d’imaginaire en termes:

- de distribution des pouvoirs:

Suprématie masculine - Think tank occultes - Lobbys - Collusion politique et économique

 => Parité - Démocratie participative - Accès à l'information   

- de structure de production:

 Pyramide / Elite - « Gigantesques personnes immortelles » - Compétition 

=> Réseau - Intelligence collective - Modèle de la coopération 

- de répartition des profits:

 Oligarchie, élitocratie - Rente - Fondations Charités

=> Revenu minimum garanti - Revenu maximum autorisé universel - Services sociaux universels

- de reconnaissance sociale

Valorisation du profit individuel

=> Valorisation de l'utilité collective

Il faut envisager l’économie comme la gestion et l’équilibre des flux du vivant, notamment la tension individu / collectif, la tension passé / avenir, soit l’équilibre entre thésaurisation et dépense, mais surtout reconsidérer l’utilité des activités en privilégiant les productions nécessaires à la vie et en éliminant celles qui sont mortifères .

L’utilité et la pertinence d’une production sont à évaluer en regard du rôle du produit, de l’empreinte écologique, du bilan travail réel (on a montré qu’une voiture ne permet en fait d’aller qu’à 4 km/h si tout est pris en compte), de l’esthétique du vivre ensemble. (voir diaporama en pièce jointe). L’ESS reconsidère la place du travail et surtout met en acte la démocratie dans l’entreprise, notamment au sein des coopératives, ainsi qu’une autre façon de gérer le capital en partageant l’outil de travail. C’est une économie de l’innovation économique, sociale, institutionnelle et même technologique (exemple des fours de séchage solaires).

La classification des domaines que recouvre l’ESS (sur la base d’expériences) montre que loin du cliché de la simple coopérative de production, celle-ci couvre potentiellement tous les aspects de la vie : air, eau, nourriture & santé, abri, énergie & transport, production, éducation, finance, interaction & culture, rencontres & échanges, régulation & législation. (voir diapos).

Les réseaux de l'ESS nationaux et internationaux (voir diapos).

Claude Alphandéry pilote un dispositif de promotion de l’ESS auprès des politiques à partir de 50 propositions : http://www.lelabo-ess.org/

Le réseau interuniversitaire de l’ESS (RIUESS) http://www.riuess.org/ tiendra un colloque sur le travail fin mai début juin à Poitiers.

Il existe un certain nombre de banques de données au niveau national : Ile de France, Midi Pyrénées, Paca, Nantes, CRES). Ces banques sont utiles pour ceux qui cherchent à développer des activités sur un territoire.

Le Réseau intercontinental de promotion de l’économie sociale solidaire (RIPESS) http://ripess.org/ripess-fr.html né à Lima en 97 est une organisation qui regroupe des réseaux nationaux et continentaux d’Amérique du Nord, d’Amérique Latine, d’Europe, d’Afrique, d’Asie et d’Océanie, ainsi que des réseaux sectoriels internationaux qui interviennent dans le secteur de l’économie solidaire. Le Réseau intercontinental de promotion de l’économie sociale solidaire (RIPESS) a pour volonté première de développer un réseautage permanent entre les acteurs et promoteurs de l’économie sociale et solidaire de tous les continents. Après Lima en 1997, il s’est réuni à Québec en 2001, à Dakar en 2005 et à Luxembourg en 2009.

Eléments du débat

Quels liens avec les forums sociaux?

  Il existe un certain nombre de forums de l’ESS. En tant que vecteurs d’émergence d’alternatives concrètes – hic et nunc - au système de l’Economie actuelle, en tant donc qu’incubateurs d’un autre monde possible, leur rapport et articulation aux forums sociaux se posent logiquement ; la tension étant que certains des participants de ces forums ESS souhaitent se positionner en « apolitiques » et se placent plus dans la réalisation stricte (à la différence des syndicats par exemple).

Trois expériences réussies de forums sociaux à contenu ESS, et animés par ses acteurs, sont cités : Toulouse, le Maine et Loire (Angers).

A Clermont Ferrand, un forum des alternatives locales « à la sauce FSL » (avec Attac comme cheville ouvrière) a touché énormément de gens.

Quelle dynamique par rapport à l'économie libérale?

Comment éviter les dérives libérales potentielles de l’ESS, telles qu’elles ont pu être constatées durant le XXième siècle? : l’antidote réside dans un imaginaire très différent (par exemple la progression de termes comme la décroissance).

Comment va évoluer l’attitude des pouvoirs publics néo-libéraux qui pourraient ne tolérer l'ESS que dans la mesure le phénomène reste limité? (exemple des SEL). L’issue dépendra des rapports de forces qui s’établiront. D'ores et déjà, 2 millions de personnes (10% des actifs) participent à l’ESS et qu’il y a parfois de véritables effets boules de neige. Par exemple, depuis quelques années les mairies développent de plus en plus les circuits courts pour leur approvisionnement des cantines scolaires.

Comment positionner l'ESS par rapport au marché?

 Pour la plupart des intervenants, le marché n’est pas condamnable en tant que tel : alors que le marché est intrinsèque à la relation, le marché comme processus autonome, autorégulé est un mythe et il importe de distinguer différentes formes de marché selon les époques. Dans le système économique actuel le marché est battu en brèche par les rapports de forces qu’imposent le capital et notamment les transnationales et sert paradoxalement de masque idéologique à ces rapports de forces institués. Cette économie actuelle peut être qualifiée d’économie de l’ubris, de la démesure.

Comment Attac pourrait développer des coopérations avec l'ESS?

   Attac, en tant que mouvement d’éducation populaire, a un rôle important à jouer dans la construction et la propagation de l’imaginaire de la nouvelle ESS (notamment en faisant le lien entre local et global).

  Elle peut aussi jouer un rôle d’impulsion et de mise en contact (notamment dans le cadre de forums, voir plus haut).

  Elle doit promouvoir les expériences, tout en restant vigilante aux éventuelles contradictions, conformément à sa fonction d’éducation populaire : par exemple, attention au bio importé de Chine à bon marché. Devrait être promu le mouvement des villes en transition, la NEF, Terres de liens, les épiceries solidaires (expérience très intéressante à Arles notamment).

La thésaurisation du savoir étant, de façon générale, nécessaire à l’élaboration du savoir, Attac doit mettre en mémoire les alternatives concrètes et mettre à disposition les ressources supports (le film Solidar par exemple): Le site Spirale va dans ce sens et est unanimement salué comme très utile.

Source:

Atelier organisé par la commission Alternatives d'Attac lors de la CNCL du 16 et 17 octobre 2010: présentation de Josette Combes et débat entre les participants. Le compte-rendu initial rédigé par Jean-Michel Coulomb est visible ici: http://www.france.attac.org/spip.php?article11939

Pour en savoir plus:

*** Voir l'article sur l'ESS: http://www.spirale.attac.org/content/leconomie-sociale-et-solidaire