La coopérative d'autopartage Mobilib a un triple but:

- palier aux problèmes environnementaux en partageant les voitures (indispensables encore) au lieu de les multiplier

- amener aux familles une solution économique pour leurs déplacements

- permettre l'accès à la mobilité individuelle motorisée, lorsqu'elle est indispensable, aux personnes en difficulté, en premier lieu par rapport à l'emploi.

Comme on ne va pas se passer d'électricité et vivre à la bougie, toute l'organisation de notre société (travail, urbanisme etc …) rend la voiture indispensable... mais pas tout le temps. Même si on roule à vélo, ne nions pas la voiture. On a tous un jour une grand mère dans une lointaine campagne, une machine à laver qu'on ne transportera ni en bus ni sur son vélo... Mais à quoi sert de posséder une voiture qui reste garée (quand c'est possible!!!) 95% du temps, ou de l'utiliser lorsque l'on peut très bien y aller en métro ou à vélo. Posséder une voiture encourage à l'utiliser. Ne plus la posséder fait choisir en priorité des modes de transports doux ou collectifs.

Actuellement à Toulouse les 400 usagers de Mobilib, particuliers ou professionnels, utilisent 20 voitures, UNIQUEMENT lorsqu'ils en ont besoin. Moyennant un petit droit d'entrée, un tout petit abonnement et 2,5 euros de l'heure, ils font l'économie de toutes les charges liées à la voiture (investissement, dévalorisation, entretien, parking, PV, assurance).

Les voitures sont achetées avec du capital donné par les souscripteurs et de l'emprunt bancaire. La mairie autorise le stationnement sur des emplacements réservés. Les voitures sont équipées d'un matériel embarqué qui les relie à un serveur. Les usagers réservent par internet sur le serveur la voiture de leur choix sur le parking de leur choix. Si aucune voiture n'est disponible à cet endroit, le réseau des stations est assez maillé pour qu'il soit aisé de trouver une autre voiture pas trop loin. La voiture s'ouvre et démarre, une fois autorisée par le serveur, avec une carte d'abonné que l'on badge sur le pare-brise. On ramène la voiture à la station et on reçoit la facture à la fin du mois. On paie les heures de jours 2,5 € et le kilomètre avec un tarif dégressif. Tout est compris. Il y a une carte essence dans la voiture et c'est l'usager qui fait le plein aux frais de Mobilib. Les heures de nuit sont gratuites.  

Les voitures ne sont pas électriques, une fausse bonne idée: elles seraient en fait "nucléaires" ou "à charbon" à l'étranger... et au rayon d'action trop court pour remplacer la voiture de tout un chacun. Ce sont des diesels, les moins polluantes possibles.


L'auto partage en France : 12 autres structures se sont ainsi créées et fédérées, en général dans le même esprit coopératif (Besançon, Bordeaux, Chambéry-Grenoble, Lille, Lyon, Marseille, Montpellier-Nîmes-Narbonne, Poitiers, Rennes, Strasbourg-Alsace, Toulouse). Ainsi si un adhérent de Mobilib Toulouse veut aller par exemple à Grenoble, il s'y rend en train, après avoir réservé une voiture par Internet qu'il ouvrira avec sa carte. Il recevra ensuite la facture qui inclut la ligne de Grenoble.

Pour les longues distances longues durées, il existe des partenariats avec Renault Rent ou Opel Rent, qui font des tarifs très avantageux et évitent de bloquer pour trop longtemps des véhicules qui ne seraient alors plus partagés et pour lequels la dépense, horaire, deviendrait prohibitive.

La création de Mobilib

Le fondateur de Mobilib, Dominique Platon, a eu un parcours professionnel divers (informatique, organisation, gestion, marketing, formation). Avant sa retraite, il a repris des études en économie solidaire en formation universitaire au Mirail à Toulouse. Une fois à la retraite, il a pu se consacrer à ce projet d'autopartage mûri dès 1995. Il a ouvert un blog sur le sujet et quelqu'un, séduit par le projet, lui a répondu. Ils ont alors, à 3 personnes, monté une association en juillet 2007. En septembre, sans avoir rien demandé à la presse, ils avaient un article dans "la Dépêche du Midi" et un autre dans "20 minutes" le matin de la première AG constitutive. 60 personnes étaient présentes à l'AG!

Ensuite, ils ont fait du lobbying auprès des pouvoirs publics. La presse et la télé ont suivi. Ils ont pu présenter le projet aux toulousains aux Assises de la mobilité qui, par chance, ont été organisées à Toulouse après les municipales de 2008. Les 400 adresses mails de personnes intéressées qui s'étaient enregistrées sur le site leur ont permis d'avoir une bonne crédibilité lors de la réunion avec la mairie.

En septembre 2008, l'association a été transformée en coopérative de type SCIC lors d'une AG. L'originalité très démocratique du statut de SCIC (société coopérative d'intérêt collectif) est de pondérer la parole entre usagers et salariés en incluant des collectivités publiques, avec limitation de pouvoir. Après un exposé de la situation de 45 minutes, les participants ont été mis devant leurs responsabilités avec la proposition d'achat de parts sociales à 750€. En 30 minutes, 47500€ étaient récoltés et le projet était lancé.

Ensuite ils se sont fait accompagner par plusieurs organismes: URSCOP, AVISE/ TSF (transfert de savoir faire) , IéS (coopérative capital risque de l'économie solidaire), ADEME, France Autopartage. Il a fallu acquérir quelques outils de gestion et de planification, quelques connaissances comptables, financières et en marketing. Un investissement bénévole 12 à 14h par jour pendant 2 ans et beaucoup de motivation de tous ont aussi été nécessaires pour faire aboutir ce projet qui croît aujourd'hui rapidement et avec régularité ....

Le projet est devenu opérationnel en mars 2009 avec 11 voitures sur 6 stations toutes proches de stations de métro et de "Velib". Aujourd'hui Mobilib fonctionne avec un fort taux de croissance et atteint ses objectifs :
- Sur le plan environnemental, il contribue à débarrasser peu à peu la ville de la voiture puisqu'une voiture partagée supprime entre 8 à 10 voitures stationnées en centre ville et libère donc ces espaces.
- Sur le plan économique, il permet aux famille de réaliser une économie d'environ 40% sur leur budget transport
- Sur le plan social, il permet l'accès à la mobilité motorisée individuelle, lorsqu'elle est indispensable, de gens qui n'ont pas les moyens de posséder une voiture. En particulier, Mobilib commence à signer des conventions avec des associations d'insertion afin de permettre à des personnes d'accèder à un emploi par la réalisation de ce que l'on appelle rapidement un "taxi social". En cela, Mobilib est complémentaire des actions d'associations telles que TMS (Transport Mobilité Solidarité).

Remarques sur la voiture en libre service et le projet parisien Autolib :
La voiture en libre service est un exemple typique de fausse bonne idée. Le client de la voiture en libre service n’est soumis à aucune contrainte de réservation. De plus, la voiture peut être utilisée “one-way”, c’est-à-dire restituée dans n’importe quelle station, pas forcément celle de départ, en étant sûr de trouver une place de parking à l’arrivée, induisant des contraintes ingérables de réorganisation permanente de la flotte. Contrairement à l’autopartage, le libre service faciliterait l’usage irréfléchi de la voiture! Comme le dit une étudiante d’Ulm (Allemagne) interrogée par Le Monde, «Je peux prendre et laisser la voiture n’importe où, c’est pratique, cela m’évite d’être obligée de prendre le bus ». Mieux vaut donc encourager l’autopartage et le taxi, dont l’efficacité est démontrée, que de lancer une formule aux effets pervers prévisibles et à l’équation économique douteuse.

Sources:

Résumé de l'atelier sur les transports présenté lors de l'Université citoyenne d'Attac 2010 par Dominique Platon, président fondateur de Mobilib,  avec la participation de Jean Sivardière FNANUT.

Pour en savoir plus:

 
*** Les sites internet :www.mobilib.fr et www.franceautopartage.com pour plus d'informations sur le fonctionnement et l'accès à l'autopartage